Il fut le symbole d’un certain art de vivre, entre liberté, grands espaces et autonomie. Pourtant, en 2025, le camping-car n’a plus tout à fait la cote. De plus en plus de Français tournent la page, vendent leur véhicule et repensent leurs façons de voyager. Un phénomène révélateur d’un basculement plus profond.
Un rêve de liberté… qui s’essouffle
Qui n’a jamais rêvé de prendre la route, de dormir face à l’océan, de s’éloigner des foules et du bruit ? Le camping-car, c’était tout cela à la fois : un cocon mobile, une promesse d’aventure à portée de volant. Après les confinements, le secteur avait même connu un véritable boom. Mais voilà que le vent tourne.
En 2025, malgré un parc de plus de 500 000 véhicules, de nombreux propriétaires s’en séparent. Et pas uniquement des véhicules anciens : certains les revendent après seulement trois ou quatre ans d’usage. Un cycle de possession de plus en plus court, qui interroge.
Une facture qui ne cesse de grimper
C’est sans doute la première cause évoquée : le budget. Entre l’augmentation des prix du carburant, le coût des réparations, l’assurance, l’entretien régulier et les frais de stationnement (notamment en hiver), le rêve commence à peser lourd dans le portefeuille.
Selon les professionnels du secteur, plus de 40 % des reventes seraient aujourd’hui motivées avant tout par des considérations financières. À cela s’ajoutent des dépenses invisibles : batteries à remplacer, pneus spécialisés, équipements à entretenir. Autant d’éléments qui transforment un achat plaisir en véritable poste de dépense.
Et dans un contexte d’inflation persistante, nombreux sont ceux qui choisissent de revendre tant que leur véhicule conserve encore une bonne valeur de marché.
Un mode de vie qui ne convient plus à tous
Mais tout ne se résume pas à l’argent. Le profil des utilisateurs change, tout comme leurs envies. Certains deviennent parents, d’autres prennent leur retraite, et la réalité de la route ne correspond plus toujours à leurs attentes.
Il y a aussi la montée en puissance des vans aménagés, plus compacts, plus maniables, et souvent mieux adaptés aux infrastructures actuelles. Les camping-cars, eux, souffrent d’un accès limité dans certaines communes, d’un manque d’aires de stationnement et de plus en plus de restrictions réglementaires.
On entend souvent la même phrase chez les vendeurs : “On l’a adoré, mais on ne l’utilise plus assez pour le garder.”
Un bon timing pour vendre
La bonne nouvelle, c’est que le marché reste dynamique, à condition de vendre au bon moment. Le printemps et le début de l’été sont les périodes les plus favorables : la demande est forte, et les acheteurs sont à la recherche d’un véhicule prêt à partir.
Un camping-car bien entretenu, avec moins de cinq ans, peut encore se revendre à 70 % de son prix initial. La clé ? Une estimation réaliste, une annonce complète avec photos de qualité, et un historique d’entretien clair.
La dépréciation annuelle, souvent comprise entre 5 % et 10 %, reste modérée, surtout pour les marques réputées et les modèles bien équipés. En s’y prenant tôt, certains limitent considérablement leurs pertes.
Vers une nouvelle façon de voyager
Ce désengagement progressif du camping-car ne signifie pas que les Français renoncent au voyage nomade. Au contraire. Mais ils aspirent désormais à des formats plus souples, économiques et légers. Louer à la demande, utiliser un van plus sobre, opter pour des hébergements hybrides : les options ne manquent pas.
En réalité, c’est la forme du rêve qui change, pas le rêve lui-même. La soif de liberté reste intacte, mais elle s’exprime autrement. Et si le camping-car reste une belle aventure, il ne répond plus à toutes les attentes d’aujourd’hui.
Jules Jourdain est un passionné de voyages et spécialiste du monde du camping-car. Il rédige des articles thématiques mêlant conseils pratiques, récits d’escapades et actualités du secteur. Son objectif : accompagner les voyageurs dans leurs aventures sur les routes.
