On croit souvent qu’un long séjour d’été suffit à gommer une année de stress. Pourtant, même après trois semaines de vacances, beaucoup reviennent avec le sentiment de ne pas être vraiment reposés. Psychologues et chercheurs expliquent pourquoi cette grande pause ne suffit pas toujours à remettre les compteurs à zéro.
Le mythe des congés réparateurs
L’idée qu’une semaine sert à récupérer, une deuxième à profiter, et une troisième à oublier le quotidien est bien ancrée. Mais la réalité est plus nuancée. Une étude menée en 2012 par l’université de Nimègue (Pays-Bas) montre que le pic de bien-être survient au huitième jour de vacances. Passé ce cap, la sensation de bonheur stagne, même si le séjour continue.
Les psychologues parlent d’habituation hédonique : quand les baignades, les apéritifs au coucher du soleil ou les siestes deviennent une routine, ils perdent progressivement leur pouvoir ressourçant. Autrement dit, on s’habitue vite… même au plaisir.
Des effets positifs, mais limités
Si les vacances réduisent bien le stress, leur impact sur la fatigue ne dure que quelques jours. Un sondage Odoxa de 2017 révélait que plus d’un Français sur deux déclarait se sentir « ni plus ni moins fatigué » après ses congés.
Pour autant, elles ne sont pas inutiles : une étude américaine de 2001 montrait que les congés réduisent significativement les risques de burn-out et d’absentéisme, avec des effets bénéfiques qui peuvent s’étendre jusqu’à quatre semaines après la reprise.
Quand le repos devient une injonction
Le psychologue et neuroscientifique Albert Moukheiber rappelle que l’erreur est de considérer les vacances comme un remède miracle. « Imaginer qu’on peut compenser une année entière en trois semaines, c’est comme vouloir rattraper un mois de sommeil en dormant trois jours d’affilée », explique-t-il.
Aujourd’hui, même le temps libre est soumis à une logique de performance : optimiser ses journées, rapporter des souvenirs, poster des photos, prouver qu’on a « réussi » ses vacances. Résultat : le repos devient une contrainte de plus, avec le risque de revenir… encore plus épuisé.
Des témoignages révélateurs
Julien, 47 ans, commercial, avoue que ses vacances d’août sont sa « carotte mentale », ce qui le fait tenir le reste de l’année. Mais il sent que trois semaines ne suffisent plus à compenser le poids du quotidien.
Michelle, 58 ans, se souvient de ses étés passés pieds nus en Bretagne, sans réseau ni contraintes. Aujourd’hui, ses vacances ressemblent davantage à un marathon social entre amis et famille, avec des arrêts chronométrés et des photos à partager en continu. Elle confie avoir parfois l’impression de « ne faire que courir ».
Le vrai luxe : le vide et le temps lent
Pour Albert Moukheiber, ce qui manque le plus, ce sont des moments de déconnexion réelle. « Rêver, flâner, errer sans but précis » : ces temps morts, souvent jugés inutiles, sont en réalité essentiels pour notre équilibre psychologique.
Les signaux d’alerte – anxiété, fatigue émotionnelle, burn-out – montrent que même ceux qui disposent de confort matériel et d’un bon salaire ne sont pas épargnés. Le décalage entre confort extérieur et désordre intérieur devient un enjeu de santé à prendre au sérieux.
Conclusion
Les vacances restent indispensables, mais elles ne suffisent pas à tout réparer. Attendre d’elles un miracle entretient la frustration. La clé réside sans doute dans l’art de s’offrir de petites respirations quotidiennes tout au long de l’année : moments de silence, marches sans but, pauses sans écran. Plutôt que d’optimiser son repos comme un planning de travail, il faudrait accepter qu’un repos imparfait est déjà une source de bien-être.

Jules Jourdain est un passionné de voyages et spécialiste du monde du camping-car. Il rédige des articles thématiques mêlant conseils pratiques, récits d’escapades et actualités du secteur. Son objectif : accompagner les voyageurs dans leurs aventures sur les routes.







